Josep Maria Ribas Prous
Né à Barcelone en 1940
Il doit ses premières incursions dans la photographie à l’exploration de la riche bibliothèque familiale, pleine de livres du monde de la culture et des arts touchant à l’archéologie, le naturisme, l’excursionnisme scientifique, l’anthropologie et les beaux arts.
Son étude de l’image trouve son origine dans la macrophotographie botanique. Bientôt (1956) ont lieu ses premiers entretiens et ateliers techniques de formation au Groupement Photographique Catalogne de Reus.
En 1960, guidé par des amis de Belgique et de Suisse, il découvre l’univers de la photographie à travers le catalogue de la grande exposición d’Edward Steichen “La Famille de l’Homme”, et prend alors contact avec des personnalités inspiratrices de l’époque, telles que Lucien Clergue.
En 1961, il établit, autour de ses entretiens sur la technique et l’histoire de la photographie, le “groupe de jeunes photographes”, qui, plus tard, deviendront membres du Groupement Photographique de Reus.
En 1967, il noue des relations avec des intellectuels et historiens dans le cadre de l’UNESCO à Paris, apportant études et documentation en dépit des difficultés et de la censure de l’époque.
En 1972, il ouvre le premier grand cours en Espagne de formation pratique à l’histoire de la photographie. Dépassant en 2019 les 800 éditions, les cours spécialisés de Ribas i Prous traitent de sujets allant des techniques de laboratoire aux mouvements d’avant-garde et portent un intérêt tout particulier à la photographie historique et les techniques anciennes comme l’Ambrotype et le Collodion humide.
Des pionniers, tels que Pedro Olaya, José Gago, Miguel Angel Pérez, et des artistes studieux, tels que Pierre Brochet, Jean Dieuzaide, Eric Renner et Quinn Jacobson, sont à ses côtés dans cette étape de création et d’investigation, qui culmine dans un grand nombre d’expositions et d’évènements, tels que le festival “Revela’t”, l’Ateneo Santa Lucia ou le London Analogue Festival.
En 1979, il fonde les Archives Historiques du Groupement Photographique de Reus afin de préserver le patrimoine de l’image, ce qui implique un laborieux travail d’investigation et de récupération de plus de mille archives familiales.
Entre 1990 et 2005, suite à l’accord entre Caixa Tarragona et la Mairie de Reus, il prépare, organise et présente personnellement plus de 300 expositions, permettant ainsi de constituer un fonds de plus de 60 000 oeuvres reproduites selon les méthodes traditionnelles de conservation.
Considéré comme un des photographes d’Espagne les plus récompensés, honoré de plus de 1000 distinctions durant la période 1960-80 et 2005-2021, il cumule dans les salons internationaux plus de 200 grands prix, parmi lesquels 53 médailles d’or et 89 d’argent.
Plusieurs fois lauréat dans l’ancienne URSS, notamment à l’Exposition Internationale de Photographie de Moscou en 1978 ou lors des candidatures du Prix International Pravda, en 1979 et 1981, durant lesquelles il se lie d’amitié avec Dmitri Baltermants, “l’oeil de Russie”, ainsi que membre de l’agence Magnum, il promeut des travaux collectifs, récompensés à 14 grands concours et célébrés par des médailles d’or, surtout en Europe centrale et dans les pays baltes.
Au milieu des années 1970, dans le cadre de la Fédération Internationale de l’Art Photographique, il conçoit 7 expositions composées de plus de 500 oeuvres de grands formats destinées à être montrées et archivées dans différents centres culturels et musées de la République d’Argentine, de la République dominicaine, de Cuba, du Mexique, d’Italie et d’Angleterre.
Il a organisé plus de 50 expositions personnelles en Europe et participé à des expositions collectives itinérantes en France, Belgique, au Danemark, en Italie, au Portugal, en Ukraine, Angleterre, Roumanie, Tchécoslovaquie, Pologne, Estonie, Lettonie, Lituanie et Biélorussie, accueillies plus tard par diverses capitales españoles.
Il a organisé plus de 90 expositions personnelles itinérantes à travers plus de 300 centres et musées d’Espagne et a participé à 65 expositions collectives d’importance. Il a rempli les fonctions de juré à plus de 100 salons internationaux de photographie et a collaboré dans diverses revues et annuaires photographiques. Son oeuvre a été présentée dans plus de 300 livres.
Approchant le demi-siècle d’évolution photographique, son travail a connu plusieurs étapes: la fascination pour la captation de l’image de la nature, l’ethnographie, l’expérimentation avec des processus pigmentaires et de photographie primitive, la recherche de la beauté dans le portrait, l’essai dans l’esprit du pictorialisme tardif et le rapprochement idéaliste et technique avec les courants de la “Nouvelle Objectivité” d’Otto Steinert.
Plus récemment, sa fascination pour la “photographie pauvre” l’a amené à expérimenter avec la photographie sténopéique artisanale.
Conseillé par son père Joan Ribas, à 80 ans passés, sur ce qu’il considérait être l’”Anthropologie de l’Image” et le devoir de recueillir par l’image les lieux et espaces menacés de disparition, il encourage un travail collectif de documentation atteignant 33 portefeuilles annuels, apportant ainsi un témoignage visuel sur les “masías” ou fermes catalanes abandonnées, les traditions folkloriques ancestrales, la transhumance, la nature, le monde rural, les villages en ruines ou désertés, le modernisme architectural, les monastères et ermitages délaissés, les travaux agricoles et les paysans, les rivières, les vieilles boutiques et anciens commerces, et une collection sans fin de paysages oubliés.
L’oeuvre de Josep Maria Ribas i Prous est présente dans 96 musées, centres d’art, collections et fonds privés, tels que le Musée national d’Art de Catalogne à Barcelone, l’Académie Royale des Beaux-Arts de San Fernando à Madrid ou le Photomuseum à Zarautz. Parmi les titres honorifiques de Ribas i Prous pour ses travaux au service de la culture photographique, les suivants sont à signaler:
- 1976 - Médaille d’Argent du Mérite Municipal - Mairie de Reus
- 1985 - Premier à recevoir en Espagne le titre de “Maître de la Fédération Internationale de l’Art Photographique” - FIAP (MFIAP)
- 1991 - “Excellence pour les services rendus” - FIAP (ESFIAP)
- 1992 - “Prix national de Photographie” - Confédération Espagnole de Photographie
- 1995 - Membre d’Honneur - Fédération Catalane de Photographie
Parmi ses fonctions en tant que membre consultatif, les suivantes sont à signaler:
- Société pour l’Histoire de la Photographie Espagnole - Dr Miguel Ángel Yáñez Polo - Séville
- Membre du Conseil consultatif du Musée national d’Art de Catalogne - MNAC - Barcelona
- Membre du Conseil consultatif de Centre de l’Image Mas Iglesias - CIMIR - Reus
Son oeuvre figure dans plus de 300 livres, parmi lesquels:
- 1995 - “Els nostres fotògrafs, I” - Els pioners - Mairie de Reus
- 1996 - “Las fuentes de la memoria III, fotografía y sociedad en la expaña del siglo XXI” - Publio Lopez Mondéjar - Lunwerg
- 2002 - “Diccionario Espasa - Fotografía“
- 2003 - “Historia de la fotografía en España“ - Publio Lopez Mondéjar - Lunwerg)
- 2005 - “Fotografías de la memoria, el siglo XX en imágenes" - Fundació Caixa Tarragona
- 2006 - “Diccionario de los fotógrafos Españoles” - La fábrica - Madrid
- 2011 - “1000 Imatges de la història de Reus” - Mairie de Reus
- 2012 - “La voz de la imagen“ - Publio Lopez Mondéjar
- 2012 - “Maestros de la Fotografía“ - Sous-Direction générale de la Promotion des Beaux-Arts
Llorenç Herrera Altés
Né à Batea en 1948
Fasciné par le reportage humain, admirateur des grands auteurs contemporains, tels que Cristina García Rodero, et des artistes révolutionnaires de la photographie sociale, tels que Dorothea Lange, il débute ses études grâce aux activités du “Groupement Photographique de Reus”, avec lequel il collabore à travers une large gamme de cours et ateliers organisés entre 1970 et 2005. Son exigeante trajectoire artistique traverse une ample variété de champs, allant de l’investigation et l’observation des facettes les plus humbles de l’artisanat et du costumbrismo, de la tradition populaire, des festivités folkloriques, romerías et pérégrinations, jusqu’à l’étude de l’esthétique naturelle et sa correspondance architecturale.
Ses essais photographiques sur l’habitat du delta de l’Èbre sont remarquables par leur éloquence et reflètent ses entrevues avec des pêcheurs et ses conversations le long des barques artisanales avec d’humbles ramasseurs de crabes. Il recueille expériences et impressions, prenant part aux rencontres traditionnelles et aux festivités, notamment dans la “encañizada”—une zone où, à l’aide d’une structure labyrinthée faite de cannes et de filets normalement utilisés pour la pêche, la récolte du riz s’effectue "à l'ancienne".
Herrera est né à Batea, dans la région de Terra Alta, célèbre pour ses vins précieux et généreux et parcourue par le “Chemin de l’Èbre”, qui rejoint le “Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle”. C’est là que se situe un de ses reportages photographiques les plus remarquables, publié en 1995 dans un portefeuille sur les paysages caractéristiques de l’Èbre, “Paseo por el Ebro”, commenté par l’historien Dr Pere Anguera.
Tout aussi remarquables sont ses reportages sur la transition démocratique en Espagne pour la plupart réalisés à Barcelone entre 1977 et 1979, saisissant les moments de convivialité, de joie et de solidarité de ce contexte événementiel inoubliable.
Il participe à la cérémonie annuelle du Vendredi Saint, immortalisant notamment par ses travaux la célébration du traditionnel Via Crucis de La Selva del Camp, qui se déroule à travers monts et bois avant de rejoindre le sommet d’un Calvaire, où un prêtre fait un sermon. Ces reportages, popularisés dès les années 50 par des photographes pionniers, ont toujours été un passage obligé pour les photographes de la génération d’Herrera. Aussi conclure ces reportages religieux par le traditionnel et austère repas de Carême—des sardines salées sautées à l’ail et aux haricots verts—dans un petit restaurant est-il devenu un moment incontournable pour Herrera et ses amis photographes. D’innombrables prix de premier ordre décernés lors de salons espagnols et internationaux marquent aujourd’hui cette belle époque de camaraderie artistique.
Intimement liée à sa fascination pour la nature et le paysage, l’oeuvre de Herrera a une portée significative dans le champ de l’ethnographie. C’est ainsi que certains de ses travaux, comme "Montsant, montañas de Prades y Serra la Llena”, ont pu faire partie d'une exposition collective itinérante intitulée "Allà dalt és Siurana”, ayant pour thème historique mémorable la migration, du XIIe au XIVe siècle, des Occitans en Catalogne, à la suite de la croisade des Albigeois contre les Cathares.
Après de nombreuses incursions dans la région voisine du Maestrat, à Castellón, Herrera initie une série de travaux descriptifs sur les rituels religieux, en particulier ceux des pérégrinations, parmi lesquels il convient de mentionner “Els pelegrins de les Useres“, une romería traditionnelle du XIVe siècle s’étendant sur 35 km jusqu’au sanctuaire de Sant Joan de Penyagolosa, haut perché sur une montagne. Les pèlerins, 13 personnes de la localité, prient pour l’eau, un bonne récolte et contre la peste. Dans la pérégrination règne le silence, à peine interrompu par des chants d’anciennes compositions médiévales. Souvent, ce n’est qu’en passant la nuit avec eux que Herrera parvient à capter les expériences et liturgies, captation qui a fait l’objet d’une grande exposition photographique, d’abord inaugurée en 1997 aux Archives Historiques Municipales de Reus, puis organisée dans diverses localités.
Parmi ses travaux les plus évocateurs sont à signaler ceux sur les thèmes populaires comme l’artisanat du fer forgé, la céramique vitrée ou l’architecture, tels les anciens celliers des coopératives, pareils, de par leur beauté et leur majesté, à des cathédrales du vin; tout aussi révélateurs sont ses travaux sur l’archéologie industrielle et sur le modernisme architectural, spécialement sur l’oeuvre d’Antoni Gaudí et les hommages à sa mémoire lors de l’année internationale Gaudí en 2002.
Récompensé à travers toute l’Espagne par une centaine de premier prix à des concours photographiques, parmi lesquels deux Premios Ciudad de Reus, Medalla Gaudí, en 1987 et 1996, il poursuit son étude sur le thème de la nature grâce au Premio Beca Ciudad de Reus qu’il se voit octroyer en 1996. En 1998, c’est le Xe Premio Nacional “Salamanca” de Photographie Agricole et d’Élevage que lui confère l'Excma. Diputación de Salamanca. En 1999, c’est le Premio Fuente-Obejuna qu’il se voit décerner pour ses photographies de la Semana Santa, suivi du Grand Prix organisé par Barcelone en 2002 pour son travail sur Antoni Gaudí.
Parmi les Médailles d’Or collectives remportées à l’étranger, les suivantes sont à signaler:
- 1982 et 1987 - International Photo Club Exhibition Photographic Art - Riga, Lettonie
- 1988 - Grand Prix International Salon - Vsetin, Tchécoslovaquie
- 1989 - International Exhibition “Fotosalon Uzvara” - Uzvara, Lettonie
Il a participé à plus d’une centaine d’expositions photographiques itinérantes, parmi lesquelles:
- 1994 - “Natura“ - Musée d’Art et d’Histoire de Reus, distinguée au concours “Primavera Fotográfica a Cataluña”
- 1997 - “Llorenç Herrera / Naturaleza“ - Musée Provincial de Lugo
- 1998 - “Imágenes de mi gente“ - Musée d’Art et d’Histoire de Reus, distinguée au concours “Primavera Fotográfica a Cataluña“
- 1999 - “Del Ebro a la mar“ - Fundación Caixa Tarragona, une exposition collective et itinérante à travers la Catalogne
- 1999 - “Gaudí, un reusense universal“ - Groupement Photographique Reus et publication dans un portefeuille annuel
- 2001 - “Semana Santa a la Selva del Camp“ - Exposition à la Galerie de la Capilla de Sant Pau
- 2002 - “Gaudí, una reinterpretación fotográfica“ - Centre Culturel Gran Vía - Logroño
- 2003 - “Paisajes de Montsant, Prades y Serra la Llena“ - Musée d’Art et d’Histoire de Reus
- 2009 - “El instituto Pedro Mata (de nou lluirà)“ - Exposition à la Galerie du Siège du Groupement Photographique Reus, et publication dans un portefeuille annuel
- 2010 - “Exposición homenaje a Ramón Roig“ - Exposition collective à l’Abbaye de Siurana
- 2010 - Gaudí Centre de Reus - Installation permanente d’une photographie originale illustrant le parallélisme entre l’oeuvre de Gaudí et les éléments de la nature
- 2013 - “USA tintypes & ferrotypes 1856/1888“ - Exposition de la collection privée de l’artiste - Concours “REVELA’T“ - Vilassar de Dalt, Barcelona
- 2015 - “Ferrotipos 1856/1880 / Época del oeste americano / Homenaje a Quinn Jacobson“ - Exposition de ferrotypes originaux de la collection privée de l’artiste - Musée Central de Reus
Parmi les expositions internationales auxquelles il a participé, les suivantes sont à signaler:
- 1989 - Galerie AGFA / Exposition photographique permanente - Buenos Aires, exposition collective du Groupement Photographique Reus
- 1990 - La Casa del Teatro SALA PAUL GUIDICELLI - Saint-Domingue, République dominicaine, exposition collective du Groupement Photographique Reus
- 2010 - Exposition personnelle sur la photographie de la nature - Llorenç Herrera - “Diálogos con oriente“ - Instituto Cervantes de Damasco / Institut Ramón Llull (Programme Alliance des Civilisations) - Mustafa Ali Gallery-Art Foundation - Ministère syrien de la Culture - Damas, Syrie